Plus de 100 femmes membres du mouvement Rien Sans les Femmes (RSLF) Nord-Kivu, ont manifesté le mercredi 8 juin 2022, au bureau de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), afin d’exiger de ce mécanisme des actions pour mettre fin aux atrocités dans le territoire de Beni, commises par le groupe armé ADF, et aussi aux dernières attaques du groupe armé d’origine rwandaise, le M23, dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo, attaques qui qui ont provoqué le déplacement forcé de plus de 70.000 personnes en 8 jours, dont beaucoup des femmes et enfants, selon le Haut-Commissariat de Nations Unies aux Réfugiés, le HCR.
Profondément choqué par la recrudescence de la guerre, par le sang des milliers de congolais innocents versés tous les jours, RSLF a organisé un sit-in afin d’exiger le retour de la paix. Des recommandations ont été inclues dans un mémorandum lu et déposé auprès des responsables de la CIRGL, mécanisme qui a mandat et accès sur les questions de pacification dans la Région des Grands Lacs. C’est Monsieur Khalid Mohammed Ibrahim, commandant second du mécanisme conjoint de vérification et d’échange de la CIRGL, qui a reçu le document et a promis de le transmettre auprès de sa haute hiérarchie.
Le mouvement RSLF, se basant sur des faits réels dont la CIRGL ne cesse d’être saisi, dénonce les massacres, viols et tueries, reliés surtout à l’exploitation des minerais de sang, et en dit plus sur le document déposé à la CIRGL.
« Les femmes sont tuées, violées et même les corps des femmes ne sont pas respectés. Même après les avoir tuées, il y a leurs organes qui sont abusés. C’est vraiment trop difficile la situation de la femme actuellement en RDC. S’en est assez », s’indigne Maître Nelly Kyeya, point focale du mouvement à Goma.
« Nous sommes fatiguées, nous sommes fatiguées », s’exclament d’autres femmes, fâchées et frustrées par l’absence de solution. Elles étaient habillées en noir, en signe de deuil, et avec une bandelette rouge au front, signe du sang versé chaque jour.
C’est pour cela que RSLF a alors déposé le mémorandum auprès de la CIRGL. Document qui affirme entre autres :
« Considérant le fait que la RDC est devenue un champ de bataille pour le Rwanda, qui devrait en principe gérer ses problèmes avec ses nationaux dans son propre pays ;
Considérant l’absence totale de la représentation des femmes et des jeunes femmes dans les différents mécanismes de paix et ceci en violation de la loi congolaise ; »
Les femmes de RSLF font une série de recommandations, à savoir :
Aux investisseurs et aux acheteurs des minerais de suivre la voie légale et de ne pas se procurer les minerais de sang auprès des pays voisins, ce qui est source de guerre en RDC.
Aux autorités régionales de faire pression pour que toutes les parties arrêtent les attaques et s’assoient à Nairobi où se tiennent des dialogues.
Et aussi aux autorités de veiller à la vraie participation et représentation des femmes dans ces dialogues.
Le Mémorandum reçu, un devoir de redevabilité est attendu de la part de la CIRGL dans les semaines qui suivent. Si RSLF ne reçoit pas de réponse, le mouvement passera à réaliser une autre action de grande envergure pour exiger le retour de la paix et la sécurité dans la région.
Entonnant des chants qui exigeaient le départ du président rwandais Paul Kagame, le départ du territoire congolais du mouvement armé M-23 et aussi le départ des groupes armés ADF du territoire de Beni, les femmes ont fini leur mobilisation avec une marche au long de la rue menant vers la grande barrière de Goma, qui marque la frontière avec le pays voisin.