L’égalité des femmes et des hommes ainsi que la parité constituent des valeurs fondamentales de la RDC, soulignées par l’adoption de la Loi n° 15/013 du 1er août 2015 portant modalités d’application des droits de la femme et de la parité. Comme le dit l’exposé des motifs de cette loi « beaucoup reste à faire afin de permettre aux femmes d’accéder en nombre suffisant aux instances de prise de décisions. Des inégalités de droits, de chance et de sexe persistent entre les hommes et les femmes et font perdre à la République Démocratique du Congo l’utile contribution des femmes à la réalisation de ses objectifs de développement humain durable. Cette persistance des disparités entre homme et femme est constatée dans presque tous les domaines de la vie nationale, particulièrement dans les domaines politique, économique, social et culturel, disparités qui entraînent inéluctablement des discriminations entravant la mise en œuvre adéquate de la parité homme-femme ».

Plusieurs entités territoriiales décentralisées (la Ville de Bukavu, les communes de Kadutu, Bagira, le Territoire d’Idjwi, avec la Chefferie Rubenga, les Territoires de Masisi, Walikale, etc.) sont dans ce processus de « mise en œuvre adéquate de la parité homme-femme » avec le soutien du mouvement « Rien sans les femmes ». Des séances de travail ont été organisées par plusieurs OSC membres du mouvement RSLF durant lesquelles a été utilisé le « Guide pratique d’élaboration d’un rapport annuel et d’un plan d’action triennal en matière de parité et d’égalité femmes / hommes » conçu par l’Observatoire de la parité.

Séance de travail dans le nouveau bâtiment du Territoire d’Idjwi.

Deux objectifs sont  visés lors des séances de travail  tenues dans ces   entités :

Tout d’abord faciliter le suivi et l’évaluation de la mise en application de la Loi et rédiger et publier le Rapport annuel d’évaluation des mesures prises en vue de la mise en œuvre de la parité, comme exigé par l’Article 32 de la Loi : « Les institutions nationales, provinciales et locales, les établissements et les services publics, publient les mesures prises en vue de la mise en œuvre de la parité et procèdent à leur évaluation annuelle ».

Mais évaluer « ce qui a été fait » et « ce qui n’a pas été fait » n’a d’intérêt que si ce constat conduit à préciser « ce qui peut ou doit être fait » c’est-à-dire à un Plan d’action planifiant les mesures à prendre.Les autorités de ces  entités ont donc décidé de préciser, avec leurs collaborateurs,  « ce qui peut ou doit être fait » et donc d’élaborer un Plan d’actions triennal qui identifie les mesures à prendre de façon prioritaire et les planifie pour les trois prochaines années. Ces plans d’action seront ensuite rendus publics. Ils vont beaucoup plus loin qu’un simple acte d’engagement signé par une autorité puisqu’ils planifient, sur une période de 3 ans, des mesures et des actions à prendre et à mettre en œuvre par l’autorité, correspondant à une trentaine d’indicateurs de progrès à accomplir en matière de parité et d’égalité Hommes/Femmes, Filles/Garçons.

Quelques exemples tirés du projet de Plan d’action triennal du Territoire d’Idjwi :

Indicateur État des lieux de la parité

Le territoire d’Idjwi dispose d’un « Etat des lieux de la parité » chiffrant le pourcentage de femmes présentes dans les différents organes de direction ou de gestion des différents secteurs (santé, éducation, justice, médias, etc.). Le Plan d’action triennal prévoit donc :

2018 : Mise à jour de l’Etat des lieux de la parité du Territoire d’Idjwi chiffrant le pourcentage de femmes présentes dans les différents organes de direction ou de gestion des différents secteurs (politico-administratif, santé, éducation, justice, médias, etc.) de l’ETD.

2019 : Atelier de restitution et de validation de l’État des lieux et de recherche des voies et moyens pour faire progresser la parité.

2020 : Évaluation des progrès accomplis et mise à jour de l’État des lieux de la parité du Territoire.

Indicateur Formation à l’égalité des sexes   

La formation à la parité et à l’égalité entre les femmes et les hommes est  encore insuffisante  et n’a été dispensée qu’à une partie des responsables du territoire (dans les différents domaines de formation). Le Plan d’action prévoit donc :

2018: Formation de base des cadres et agents du territoire à la problématique du genre, de la parité et de l’égalité entre les femmes et les hommes :

  • Outils d’analyse et d’évaluation selon la perspective du genre,
  • Lutte contre les stéréotypes,
  • Violence à caractère sexiste,
  • Etc.

2019 : Perfectionnement

Indicateur Campagnes de sensibilisation à la parité et à l’égalité des sexes

Des campagnes de sensibilisation à la parité et à l’égalité des sexes pour le grand public n’ont pas encore pu être développées par le Territoire d’Idjwi  à cause de l’absence des moyens financiers nécessaires. Le Plan d’action prévoit donc :

2018: Sélection de la thématique de campagne et préparation d’une première campagne de sensibilisation sur un des thèmes jugés prioritaires : la participation politique de la femme,

2019: Mise en œuvre de la deuxième campagne de sensibilisation sur une thématique à sélectionner :  l’abandon scolaire des filles, la violence à caractère sexiste, l’emploi, la santé sexuelle et reproductive, la scolarité, la légalisation du mariage civil, etc..

2019 : Mise en œuvre d’une nouvelle campagne de sensibilisation sur un autre thème prioritaire.

Indicateur Quotas

Il n’existe pas de quotas ou d’autre système/mesure similaire visant à accroître le nombre de personnes du sexe sous-représenté au sein des chefferies d’Idjwi pour la nomination de chef de villages, chef des quartiers etc. Le Plan d’action prévoit donc :

2018 : Instauration progressive des quotas de femmes dans les institutions politico-administratives du territoire (chefs de village, chefs de quartier, etc.) ainsi que dans les organisations de la société civile.

2019 : 20% minimum

2020 : 30%

2020 : 40%

Ces quotas s’appliquent également :

  • au Comité local Paix et Développement (CLPD) chargé de la mise œuvre du Plan Local de Développement (PLD) du Territoire d’Idjwi.
  • Aux Comités de marché, de développement, d’électricité, etc.
  • Aux Comités d’eau (avec le quota de 70% de femmes)

Et ainsi de suite pour une vingtaine d’autres indicateurs dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la sécurité, du sport, etc..

 Un exemple à suivre par les autres institutions nationales, provinciales et locales, les établissements et les services publics de la RDC pour véritablement mettre en application la Loi n° 15/013 du 1eraoût 2015 portant modalités d’application des droits de la femme et de la parité. 

 

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